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Journal 12 - du 10 au 23 février 2007

Brésil

Brésil - 0km !

Tracé violet = avion

 

 

 

Braqué à Rio !  

 

 

Samedi 10 février 2007

 

En règle générale, les aéroports australiens exigent que les vélos soient transportés dans des boîtes en carton. Pour info., celles que ceux-ci fournissent coûtent AUD 16 et sont plus grandes et plus résistantes que celles disponibles dans les magasins de vélos.

Je suis néanmoins inquiet quand je remets mon box au check-in, ce matin, car je sais, par expérience, que ma bicyclette est bien plus mal traitée quand elle est dans un carton, que lorsqu’elle est remise telle quelle. Et d’autant plus quand ça n’est pas un vol direct. Croisons les doigts !

 

Après avoir fait escales à Sidney, Auckland et Santiago, traversé l’Océan Pacifique et l’Amérique du sud, j’arrive, enfin, à Rio de Janeiro. Bien que le trajet ait duré près de 24 heures, nous sommes toujours samedi, il est 19h et je n’ai donc perdu que 12 heures dans la journée ; merci le décalage horaire !

 

Je ne suis pas surpris de constater que mes bagages ne sont pas à l’arrivée. Effectivement, trois quarts d’heure pour changer d’avion à Santiago, c’est bien trop peu pour un transfert de bagages. J’avais commandé un taxi van à travers la guesthouse de manière à pouvoir y engouffrer mes volumineux bagages, mais heureusement que ceux-ci ne sont pas arrivés, car le chauffeur, qui m’accueille avec un large sourire et une pancarte sur laquelle il est inscrit « LIO », me fait monter à bord de sa menue Fiat Punto… En plus de cela, il a réussi à rabattre deux autres touristes – deux jeunes et jolies Chiliennes – qui font le voyage avec moi jusqu’au centre-ville. Leurs deux sacs à dos suffisent à inonder le coffre arrière…

 

J’arrive à la réception du Rio Backpacker’s Hostel - situé sur Copacabana - en début de soirée. Adriana – l’une des deux propriétaires de la pension – très gentille, souriante et serviable, est désolée de m’annoncer qu’il n’y a plus un seul lit de disponible ce soir. En cette période de carnaval, il est bien difficile de trouver un logement. Elle réussit, quand même, à me dénicher un lit deux rues plus loin.

Je débarque, donc, dans cet appartement improvisé en Backpacker’s avec mon petit sac à dos et ma trousse de toilette pour seuls effets. On me réclame 35 reais, soit 15 francs, pour dormir dans un dortoir à l’apparence et aux dimensions d’une cage à poules, où nous dormons à 10, littéralement les uns sur les autres.     

 

 

Dimanche 11 février 2007

 

J’ai passé la nuit tout habillé sous ma veste en gore-tex dans une chambre frigorifiée par un vieil air-con’ bruyant. Résultat : j’ai la goutte au nez, ce matin.

A l’aube, je retourne au Rio Backpacker’s, où j’ai une réservation pour toute la durée du carnaval.

Dans l’après-midi, je vais chercher du cash en compagnie d’un Australien habitué du coin qui m’avertit de n’avoir toujours que le strict minimum sur soi, c'est-à-dire quelques billets pour manger et boire cachés dans le slip et c’est tout. Nous allons donc rapidement au distributeur et revenons de suite y déposer l’argent et les cartes de crédit. Pas de passeport sur soi, pas de montre, pas de porte-monnaie, pas de sac ; juste un short, des tongs, un t-shirt et deux, trois billets. Voilà comment l’on se balade dans les rues de Rio ! Pas très reposant, tout ça ! Jusqu’à présent, je considérais plus sûr d’avoir les valeurs sur moi, plutôt que dans la chambre, mais dans cette ville c’est l’inverse, même si certains se sont quand même fait voler de l’argent dans la pension…

 

En fin d’après-midi, je rejoins une équipe de l’hôtel pour aller assister à un événement de taille : un match de football au mythique stade de Maracana !

Ce soir, deux clubs de Rio s’affrontent : Flamengo contre Botafogo.

 

J'ai mon billet !

 

Malgré que je ne sois pas un fanatique de foot, je suis impressionné par l’ambiance explosive qui règne dans ce stade de 100'000 personnes rempli aux trois quarts. Des adulateurs frappent sur d’énormes tambours de samba. D’autres allument des bombes fumigènes aux couleurs de l’équipe. De gigantesques drapeaux sont déployés sur les tribunes, alors que les gens dansent sur les ailes. Les supporters hystériques scandent, en cœur, des injures au camp adverse. Le spectateur derrière moi hurle en donnant de grands coups de pieds dans mon dossier. C’est de la pure folie ! Score final : 3-3. Beaucoup de buts, un match serré à renversements ; rien de tel pour faire monter la sauce et ainsi assister à un grand spectacle J.

 

 

Lundi 12 – Samedi 17 février 2007

 

Je parviens avec peine à trouver un centre Internet fiable et bon marché.

C’est ici, dans un cybercafé de Copacabana, que je vais passer le plus clair de mes journées durant les six prochains jours. L’Australie est un gros morceau à publier, alors il ne faut pas traîner.

 

En me déplaçant à pieds dans cette ville, je constate que les habitants vivent dans la crainte permanente de brigandage, ou pire… car pour ainsi dire toutes les portes, immeubles et propriétés sont barricadés derrière de gros barreaux. Gardes à l’entrée, codes d’accès, caméras ; une certaine délinquance urbaine se fait sentir. J’ai l’impression de visiter une prison. Même la guesthouse est derrière les barreaux et il faut sonner à la porte pour que le réceptionniste vous ouvre après vous avoir identifié.

 

Je découvre, par ailleurs, que les filles sont à la pointe de la mode sexy, dans cette ville ; les minijupes pleuvent, les décolletés abondent, et les volumineuses poitrines foisonnent. Il n’est pas rare non plus de croiser, en pleine ville, des femmes appareillées d’un simple bikini. Mais, THE Erotic Fashion du moment, c’est de sortir nue sous ses jeans moulants taille basse en révélant la marque de bronzage du string. Alors, quand en plus elle pose ses fesses droit sous votre nez,… Je ne vous raconte pas… Chaud devant !

Côté mecs, on ne se laisse pas aller non plus ; petits shorts déchirés et débardeurs à la pelle ! La plupart des mâles sont bodybuildés et bronzés.

Il règne ici un véritable culte du corps que je n’ai connu nulle part ailleurs. Jamais je n’avais vu une telle concentration de belles anatomies, tant chez les hommes que chez les femmes. La concurrence est rude, par ici J.

 

Bien que le carnaval officiel ne dure que cinq jours, la fête débute déjà bien avant avec les « bandas » (ou blocos), ces carnavals de rue qui consistent en une procession de tambours et de chants suivis de quiconque souhaite danser à travers les rues. Ce samedi soir, je vais en suivre une à Ipanema. L’ambiance y est assez déjantée ; mecs sculptés en slip se roulant des pelles, gonzesses en bikini aux poitrines débordantes se tortillant dans tous les sens. La foule chante et danse en se déplaçant au rythme de la samba. Les gens boivent et boivent  et urinent et vomissent en pleine rue. « Outrageux, hédoniste et coloré. » annonce le guide LP. Je valide. Celui qui aime faire la fête sera comblé à Rio, où il pourra danser et se déglinguer 24/24 non stop durant deux bonnes semaines.

 

 

Dimanche 18 février 2007

 

Ce qui a rendu si célèbre le Carnaval de Rio, c’est sa spectaculaire parade qui a lieu au Sambodromo ; une large avenue entourée de gradins sur près d’un kilomètre. Il s’agit, en fait, d’une compétition regroupant les 14 meilleures écoles de samba de Rio. Chaque école est constituée de plusieurs milliers de personnes, dont 200 à 400 batteurs. Ce concours se déroule sur deux jours ; 7 écoles le dimanche et 7 le lundi. La manifestation commence à 21h et se termine à 6h du matin.

 

Ce soir, vers minuit, mon ticket en main, je saute dans un taxi pour aller assister à l’événement. Il y a foule à l’extérieur du Sambodromo. Les rues sont envahies par les participants ayant terminé leur parade, ou se préparant à entrer dans l’arène, tous maquillés et parés des déguisements les plus extravagants.

 

Extérieur du Sambodromo

 

Je parviens non sans peine à trouver l’entrée du secteur 13 – auquel mon ticket donne accès – après avoir demandé mon chemin à moult Cariocas (habitants de Rio de Janeiro), ne parlant, pour la plupart, pas un mot d’anglais.

 

Me voici finalement sur les gradins ! Le spectacle est hallucinant ; une marée humaine colorée et exubérante se déplace en chantant et en dansant au rythme des percussions.

 

Au coeur de l'action ! Sambodromo.

 

La nuée de centaines de milliers de spectateurs est en effervescence et reprend inlassablement le refrain de la chanson.

 

Une marée humaine !

 

Quelle ambiance ! Les Brésiliens savent décidément faire la fête !

 

Après quelques heures d’euphorie, je quitte les estrades pour aller me coucher. Difficile de trouver un taxi disponible, tant il y a du monde. Finalement, l’un d’eux m’embarque. Mais, je suis mal tombé. Le chauffeur est un malhonnête personnage qui refuse d’enclencher le compteur en me réclamant le double du prix. Je lui demande de suite de s’arrêter, mais celui-ci refuse… Je suis obligé d’attendre qu’il soit bloqué dans un bouchon pour m’extraire du véhicule.

 

Il faut savoir qu’à Rio, il est non seulement légal pour un véhicule de brûler les feux rouges dès la tombée de la nuit, mais c’est en plus encouragé par la police. Ceci, afin de limiter les agressions. Donc, mon gars ne s’arrête pas aux feux rouges…

 

Je lui balance quelques reais sans le remercier et continue ma quête d’un taxi qui pourrait me remmener chez moi (30 minutes de voiture).

 

En voici un !

 

Je suis conduit, cette fois, par un sympathique bonhomme, mais qui ne parle pas une bribe d’anglais et qui ne comprend rien à mon portugais. Même quand je lui dis « Sambodromo » il ne pige que dalle ! Mon accent doit être catastrophique… Je ne dois pas mettre les intonations au bon endroit…

Durant la période Carnaval, j’ai emménagé dans un appartement à Ipanema, que je partage avec Paolo et Alan - deux Anglais très chouettes - histoire de limiter la casse du porte-monnaie. Mais pas moyen d’emmener mon chauffeur à bon port ! Je lui sors alors la carte de visite du Rio Backpacker’s sur Copacabana. Là, ça marche ! Il m’y dépose. Je n’ai maintenant plus qu’à rejoindre Ipanema à pieds (15 minutes de marche)…

 

 

Lundi 19 février 2007

 

Comme chaque jour, je me rends au centre Internet, afin de travailler sur la mise à jour du site.

 

Aujourd’hui, je bats tous les records de présence : je passe près de 10 heures non stop devant la machine ! C’est mon estomac qui m’ordonne de m’arrêter, vers 21h. Je me dirige alors vers mon restaurant habituel, situé à 100 mètres du cybercafé, sur Av. N.S. de Copacabana, à la hauteur de la rue Bolivar.

Un genre de restaurant très répandu par ici, où l’on paie l’addition par rapport au poids de l’assiette. Le buffet est très varié et offre quantité d’options végétariennes à un prix raisonnable.

J’arrive devant le restaurant qui est éteint et porte fermée, ce soir. Zut ! C’est à cause du carnaval. Je rebrousse donc chemin sur la fréquentée Av. N.S. de Copacabana pour aller me sustenter dans une autre gargote.

Je ne suis qu’à 50m du restaurant quand je me fais soudainement braquer à l’arme blanche par trois adolescents. Pendant que le plus grand d’entre eux – ma taille, env. 1.82m – a son couteau sous ma gorge, le 2e vide mes poches et le dernier arrache mon sac à dos. Tout va très vite. En moins d’une minute, je suis délesté de toutes mes valeurs. Les trois agresseurs prennent rapidement la fuite. Des passants locaux ont assisté au crime sans broncher… par « soutien » patriotique peut-être, par peur sans doute. Ils n’ont, heureusement, pas trouvé le plus précieux - passeport et carte de crédit – qui était bien planqué, mais presque toutes mes autres valeurs ont disparu : mon appareil photo et tous mes memory sticks contenant la totalité de mes photos originales (grand format), montre (dans le sac), porte-monnaie, clés de l’appartement, journal et données manuscrites du voyage, LP Australie + autres livres et guides, et autres…

Par chance – si l’on peut dire – je viens de terminer le journal Australie sur le Web. S’ils m’avaient braqué quelques jours plus tôt, l’Australie n’aurait été qu’une page blanche… Par contre, sur les 500 photos prises en Australie, il n’y en a que 80 sur le journal, donc les 400 autres ne verront jamais le jour dans l’album. Perdu pour toujours ! Tout comme les photos du Brésil (sauf celles prises avec l’appareil jetable) et son journal que je vais tenter de reconstituer.

 

Sachant que mes colocataires ont des rentrées plutôt tardives (8-9h du matin !), je n’ai pas d’autre choix que de me rendre au Rio Backpacker’s pour passer la nuit… sur le divan du salon. Nuit entrecoupée par des fêtards arrivant à toute heure pour boire des coups et fumer des joints.

Inutile de dire que je dors mal.

 

Je suis triste. Triste d’avoir perdu l’irremplaçable, c'est-à-dire mes photos de voyage.

Mon sentiment par rapport à cette agression est aussi un sentiment de tristesse. Je ne suis ni fâché, ni enragé et n’éprouve aucune sensation de revanche. Mais je suis malheureux de devoir témoigner de la violence humaine qui est, à mes yeux, le pire fléau de ce monde.

 

Il n’y a pas l’ombre d’un doute : le plus dangereux animal sur Terre, c’est bien l’Homme.

 

 

Mardi 20 – Vendredi 23 février 2007

 

Mon itinéraire prévu était de rejoindre Buenos Aires par la côte, mais ces désolants événements me donnent envie d’aller voir ailleurs. Aussi, je décide de laisser la boîte de mon vélo fermée jusqu’au prochain continent : l’Afrique !

 

Je me rends directement à l’agence de voyage pour en ressortir avec un aller simple pour Madagascar ; un endroit qui devrait être plus calme et agréable. Espérons !