Tracé rouge = vélo
Tracé violet = avion
Nom d’un chien !!!
Mardi 25 avril 2006
Arrivée à Bangkok.
Bangkok du 25 avril au 20 mai 2006
Samedi 20 mai 2006
Après un mois d’aventure familiale à Bangkok, me voilà reparti – direction le Cambodge – avec des fesses flambant neuves et des jambes impatientes de reprendre le travail.
Je quitte Bangkok à 5h et demie du matin, afin de ne pas trop subir le trafic et la chaleur étouffante de l’après-midi. Bangkok est une mégalopole de plus de 6 millions d’habitants avec une circulation surchargée 20 heures sur 24. Malgré cela, je suis surpris par l’aisance avec laquelle je me déplace dans cette ville. Je me sens bien plus en sécurité de rouler à Bangkok que sur les routes principales allemandes…
Ce qui est très agréable sur les routes thaïlandaises, c’est qu’il y a presque toujours un zone réservée aux véhicules lents (vélos, tricycles, charrettes, scooters,…) et les véhicules rapides sont habitués à cela.
La sortie de la capitale se fait avec la plus grande facilité, car je suis escorté par ma femme, Ploy, qui m’indique le chemin à suivre à moto. Nous nous disons au revoir à la sortie de Bangkok, après une trentaine de kilomètres.
La route qui mène à Nakhon Nayok est une ligne droite sur une centaine de kilomètres, avec un trafic très dense. Je m’arrête après quelque 4 heures de vélo dans une guesthouse au bord de la route.
Je suis accueilli par la réceptionniste qui a le sourire jusqu’aux oreilles. Est-ce ma coupe de cheveux qui l’amuse ???
Cela ne fait pas 3 minutes que je suis dans mon bungalow que l’on toque à la porte. Un jeune homme, qui s’occupe du nettoyage, me dit :
QUIZ :
Réponse A : Je dois nettoyer la chambre.
Réponse B : Vous êtes beau.
Réponse C : Je viens mettre des bouteilles d’eau dans le réfrigérateur.
Réponse D : La réceptionniste vous aime.
« C’est votre dernier mot ? »
« Oui, Jean-Pierre, c’est notre dernier mot. »
La réponse est : D La réceptionniste vous aime !!!
Elle n’a pas perdu de temps, celle-là !
Et le jeune homme me réclame, en plus, mon numéro de téléphone pour le lui donner. Je suis mort de rire. Je lui dis merci et lui fais comprendre poliment que cela ne m’intéresse pas (pas très belle, en plus J).
Le soir, alors que je suis en train de rédiger mon journal sur la terrasse, le jeune homme en question m’apporte une bouteille d’eau et un bol de nouilles chinoises, alors que je n’avais rien demandé. Adorable, ce boy !
Dimanche 21 mai 2006
Réveil pénible à 5h30. J’aurais bien prolongé mon sommeil d’une heure ou deux, mais je me force à partir tôt pour 3 raisons principales : Premièrement, je souffre moins de la chaleur pendant les heures avant midi. Ensuite, le trafic est beaucoup moins dense tôt le matin. Enfin, il ne pleut, en général, pas le matin durant la saison des pluies.
J’ai bien fait de préciser « en général », car ce matin, il pleut…
La pluie a, néanmoins, quelques bons côtés.
Seuls avantages de la pluie sur la route : la température chute (il ne fait plus que 30 degrés au lieu de 35-40…) et je n’ai pas besoin de m’enduire de crème solaire.
Je commence à constater que, sur les routes thaïlandaises, mon premier ennemi n’est pas la voiture, mais le chien. Les canidés ont ici, pour la plupart, une aversion certaine pour les cyclistes.
Il y a énormément de chiens errants en Thaïlande, sans compter tous ceux des propriétés qui ne sont jamais attachés, à quelques rares exceptions près.
Des crocs ont frôlé mes mollets à déjà trois reprises. Heureusement, la plupart feinte juste l’attaque et s’arrête à quelques mètres de mes jambes. J’ai déjà utilisé mon Repousse Chiens à ultrasons quelques fois. Il a, jusqu’à présent, toujours bien fonctionné. J’appuie sur le bouton et le chien baisse instantanément les oreilles et s’arrête. Le problème de cet instrument magique est qu’il est relativement volumineux et qu’il faut l’avoir en permanence à la ceinture ou au guidon pour pouvoir dégainer dans la seconde. C’est un peu encombrant pour un cyclo-voyageur, je dois l’avouer. Aujourd’hui, je l’ai donc laissé dans la sacoche guidon. Voici ma tactique pour éviter la morsure : Avec une bonne cadence, j’accélère pour larguer le chien ; avec une petite cadence, je freine et m’arrête si nécessaire. Il est rare qu’un chien morde alors que vous êtes à l’arrêt sur la route.
C’est donc avec des mollets toujours en bon état que j’arrive dans une guesthouse découverte par hasard, à 5km du Parc National Khao Yai. Un vrai petit paradis que ce Palm Garden Lodge ; Un accueil des plus chaleureux, des chambres picco-bello, une nourriture délicieuse sur mesure et le tout dans un environnement luxuriant.
Phailin, la patronne, a un énorme iguane en liberté. Ne craignez rien, il est végétarien J.
Lundi 22 mai 2006
Je reste une nuit supplémentaire au Palm Garden Lodge pour pouvoir aller visiter le plus ancien et le plus renommé des parc nationaux thaïlandais : Khao Yai. Ce parc est immense (100km/50km) et une journée de visite n’a été qu’un maigre aperçu de la richesse sauvage de ce territoire.
Néanmoins, cela valait le déplacement. Lisez plutôt :
Je pars de la guesthouse vers 9h30 en minibus, accompagné d’un couple d’allemands, de la guide Klin et du chauffeur.
Et pour changer, ce matin il pleut…
Notre premier arrêt est au début du chemin pédestre qui mène à la plus grande chute d’eau du parc. Cela fait environ 100 mètres que nous marchons et le couple allemand, essoufflé, abandonne le trek et retourne au minibus. Un aller-retour de 200 mètres aura été leur seul exercice physique aujourd’hui. Ils auront passé toute la journée dans le minibus ou assis à une terrasse. J’ai remarqué que ce couple fumait cigarette sur cigarette. 5 minutes entre chacune me paraissait le maximum. La femme me confirmera le soir qu’à eux deux, ils aspirent la fumée de 80 cigarettes par jour (minimum) !!! Cela ne les empêche pas d’être un couple charmant et très sympathique (28 ans de mariage, pour les curieux).
Voici, en gros, ce que je n’ai pas manqué : macaques à queue de cochon (en pagaille), gibbons noirs, gibbons dorés, barking deers, sambar deers, great hornbills, mangouste, papillons, les chutes d’eau Haew Suwat rendues fameuses par le film The Beach AND – last, but not least – les sangsues qui, malgré ma vigilance, ont réussi à s’infiltrer dans mes chaussures. Heureusement, j’étais protégé par de longues chaussettes anti-sangsues, de manière à ne pas devoir faire un don du sang à la bête. Les sangsues sont des bestioles étonnantes. Elles vous reniflent bien avant que vous ne soyez à côté d’elles et s’étirent comme des chewing-gums de façon à avoir un maximum de chances de s’accrocher à la chaussure. Une fois agrippées, elles grimpent et s’infiltrent sous les vêtements jusqu’au premier morceau de peau. Là, elles vous mordent et se nourrissent en vous suçant le sang. Une fois gorgées de sang, elles se laissent tomber. Mais, tant qu’elles ne sont pas rassasiées, il est difficile de les déloger.
Voici, en gros, ce que j’ai manqué : tigres (env.10), éléphants (env.100), léopards, crocodiles, ours noirs, ours malais et j’en passe.
Mardi 23 mai 2006
83km sous la pluie pour atteindre Sa Kaew, qui se trouve à environ 50km de Poipet, au Cambodge.
Au kilomètre 60 env., un scooter me dépasse. Une jeune fille est au guidon avec, assise derrière, une femme qui pourrait être sa mère. J’ai droit à deux grands sourires, ainsi qu’à l’habituel « how are you ? What you name ? where you from ? » de la part de la demoiselle conductrice. Son attitude légèrement agressive et artificielle me fait rapidement penser qu’il pourrait s’agir d’une professionnelle. Elle n’a pas l’attitude courtoise et discrète que je rencontre généralement. Je réponds brièvement avec le sourire et le scooter me dépasse et disparaît.
Quelque 3-4 kilomètres après, j’aperçois, au loin, le scooter arrêté au bord de la route, la selle levée et la jeune fille accroupie, faisant mine de bricoler, en espérant que je m’arrête à ses côtés pour l’aider… Constatant que je n’ai pas du tout l’intention de réduire ma cadence, elle me pose un tas de questions rapidement, alors que je passe devant. Je lui réponds seulement que je vais à Sa Kaew.
Trois minutes plus tard, les voilà qui me re-dépassent, la jeune fille me lançant un « I love you » désespéré…
Voyez-vous, il s’en passe des choses sur la route. On peut faire beaucoup de rencontresJ.
Mercredi 24 mai 2006
Il y a des jours avec et des jours sans. Ces près de 5 heures de vélo de la veille, sous la pluie, en t-shirt et short ne m’ont pas fait que du bien. J’ai eu un léger refroidissement avec un peu de fièvre durant la nuit. Deux doses d’aspirine m’ont bien fait transpiré.
Guéri, mais encore très faible, je reste au lit toute la journée et reprends des forces en me goinfrant de papaye et de bananes.
Jeudi 25 mai 2006
La route 317 qui relie Sa Kaew à Chanthaburi en longeant, plein sud, la frontière cambodgienne, est très agréable. Peu fréquentée, elle traverse une belle région montagneuse pendant 60km env., de Wang Sombun à Pong Nam Run.
A environ 80km de Sa Kaew, je commence à fatiguer et me dis qu’il est temps de chercher un abri pour la nuit. Je n’ai pas vu l’ombre d’une guesthouse depuis le départ et je pense qu’il est temps de faire appel à l’hospitalité locale. Cette fois, le prochain qui me fait des grands signes et des « Hello » va avoir la chance de me voir de plus prèsJ. Ca ne manque pas. D’abord des « Hello, You » me font tourner la tête et ensuite des grands signes de la main à ma gauche me font faire demi-tour. En arrivant vers celui qui m’a gentiment invité, je constate très vite que je n’ai pas gagné. Le jeune homme est « mao » (saoul en thaïlandais). Il est rond comme une queue de pelle et ne sait plus comment il s’appelle. Je précise qu’il est 11h du matin… Il veut de suite me faire partager son verre de whisky local. Je lui montre gentiment ma bouteille d’eau et tente de lui faire comprendre que whisky et vélo ne font pas bon ménage. Alors que Mao est en train de faire preuve d’une insistante gentillesse à mon égard, un attroupement de voisins curieux se forme autour de moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai tout à coup envie d’aller dormir ailleurs…Une voisine me dit qu’il y a un hôtel dans la prochaine ville, Soi Dao, qui est à 5km. C’est parfait. J’arrive, non sans peine, à m’extraire des tentacules de Mao et reprends finalement la route jusqu’à Soi Dao.
Je suis surpris par le nombre de policiers dans cette petite ville de montagne. Il y en a tous les 100 mètres. Est-ce dû à la proximité de la frontière cambodgienne ? Quoi qu’il en soit, les policiers de Soi Dao sont tous plus gentils les uns que les autres avec moi. Alors que je roule sur la route principale, l’un d’eux me demande de le rejoindre pour se présenter et me montrer ses progrès en anglais dont les cours ont débutés il y deux mois.
Un policier en civil vient encore me saluer le soir, alors que je sirote un jus je fruits assis par terre. Il me souhaite bonne chance dans mon voyage et me demande de ne pas hésiter à téléphoner au 1155 en cas de problème quelconque.
Je crois que je vais dormir tranquille, cette nuit…
Vendredi 26 mai 2006
La route montagneuse se termine par une grande descente, à environ 40km de Chanthaburi. Je trouve un hôtel à 250 bahts (CHF 8) la nuit, en face du Seven/Eleven.
Samedi 27 mai 2006
Repos à Chanthaburi.
Dimanche 28 mai 2006
La route no3 qui mène de Chanthaburi à Trat est assez peu fréquentée. Le soleil de plomb qu’il fait depuis 6h le matin assomme aussi les chiens qui, aujourd’hui, me laissent tranquille (sauf 2 ou 3…). Je bois 3 litres d’eau en 3 heures et demie de route.
A l’entrée de Trat, je profite de la dernière grande station essence pour faire le plein…d’air ! A noter que je n’ai pas encore eu à utiliser ma pompe une seule fois depuis Genève. Mais le Cambodge va être une toute autre histoire… Pour info, je gonfle mes pneus (2.0 x 26’) à 5 bars (70PSI) une fois par semaine et jusqu’à présent, j’ai toujours trouvé une station essence pour me rendre ce service. Voici le gros avantage des valves Schrader, identiques à celles des voitures et motos, par rapport aux valves Presta.
Quelle n’est pas ma surprise, le soir, de constater que mon pneu arrière est à moitié dégonflé. Je pense que je l’ai peut-être mal gonflé à la station essence et y retourne en m’assurant d’y mettre la bonne pression.
Je vais me coucher en croisant les doigts…
Lundi 29 mai 2006
Alarme à 5h du matin. Je vais de suite contrôler mon pneu arrière. Chiotte ! Il est à plat !
Je retourne me coucher et partirai un jour plus tard…
En réparant mon vélo, plus tard dans la matinée, je constate que la crevaison est due à l’usure de la bande de Kevlar (Panaracer) que j’avais mise à Genève, avant de partir. La bande s’est fendue en deux, créant une crevasse au centre, dans laquelle la chambre à air s’est incrustée avec la pression et a frotté. Je n’en reviens pas. Sans cette (soi-disant) bande anti-crevaison, je n’aurais pas crevé !!! Et non seulement cette bande a râpé la chambre à air sur presque toute sa circonférence, mais en plus elle a bouffé l’intérieur du pneu, laissant apparaître les mailles métalliques ! Résultat : mon vélo a droit à une chambre à air et un pneu neufs après à peine 1'300 kilomètres de route. Je crois que je ne remettrai pas de bande de kevlar de si tôt…
Mardi 30 mai 2006
Réveil à 4h30. Je quitte la guesthouse à 5h50 et il pleut déjà… Je me fais rincer pendant les 4 premières heures de route.
La nationale 3 qui mène à la frontière cambodgienne est un vrai Roller Coaster ; un festival de collines pendant les 80 derniers kilomètres, avec les plus belles bosses les 10 derniers kilomètres, depuis Khlong Yai. Pas de plat. Ca monte et ça descend.
Après 91km, j’arrive au poste frontière de Hat Lek.
La sortie de la Thaïlande se fait sans encombre. L’immigration cambodgienne, au contraire, c’est le Wild Wild West. Officiellement, le visa cambodgien à l’entrée coûte 20 dollars. Mais, une fois devant l’officier, celui-ci me réclame 1'200 bahts (ce qui correspond à environ 30 dollars) et refuse mes dollars. Il me dit qu’ils n’acceptent plus les USD… Je lui demande s’il ment et s’il ne va pas se mettre 10 dollars dans la poche… Il me dit « no, no. ».
« Mais, pourquoi avez-vous enlevé le prix officiel au mur ? », je lui demande.
Pas de réponse…
Bref, j’ai encore de la route à faire et je lui donne ses 1'200 bahts, plus 50 bahts pour le remercier de son honnêteté… Il accepte volontiers…
Le soir, l’équipe de l’immigration se partagera les 10 dollars extra, multipliés par le nombre de personnes arnaquées durant la journée. Une forte somme pour eux.
L’extorsion et la corruption vont bon train au Cambodge.
De vrais mercenaires, ces hommes en bleuJ.
Il me reste encore 10km de route depuis la douane jusqu’à la ville cambodgienne de Krong Koh Kong. Un trafic quasi inexistant est pimenté par une route joliment cabossée.